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Via-raid 05 : La grande virole

samedi 14 août 2010, par Guido

Ca devait arriver tant il est difficile d’y échapper dans le nord du Portugal. J’ai fatalement attrapé la grande virole.

Les premiers symptômes se sont manifestés dès la frontière franchie. Tout a commencé par des tremblements dans le poignet droit. Rien d’inquiétant. Et puis, au fil des kilomètres, le bas de mon visage a été irrémédiablement déformé par un rictus sardonique, sourire figé dont s’échappait de temps à autre un filet de bave. Enfin, est apparu un dernier trouble qui ne trompe guère : une grave perturbation de l’oreille interne entraînant des pertes d’équilibre en entrée de courbe. Conséquence, le patient penche dans tous les virages.

J’aurais dû m’en douter et chercher à m’immuniser mais rien à faire, la nature est si faible quand on se laisse glisser sur les formes généreuses de la montagne portugaise. Les conditions de circulation y sont idéales.
L’état général du réseau routier est bon y compris sur les petites routes. L’asphalte est au standard du reste de l’Europe. Les fonds européens participent à l’incessante amélioration des voies. Toutefois, il subsiste un revêtement gris et pailleté qui a tendance à se dégrade en plaques dans le sens de la marche. Ainsi, lorsqu’on y pose les roues, le résultat est proche de celui obtenu sur rainurage. Certaines portions (limitées) de route sont constituées de petits pavés à l’aspect luisant. A Porto comme à Lisbonne, gaffe aux rails de tramway qui encombrent la chaussée.

Des panneaux à chevrons signalent tous les virages. Il y en a au moins trois catégories : les longues courbes à gabarit européen, sans surprise ; les épingles scélérates qui se referment et les tourniquets à mulets qui se passent en aveugle. Si le nord du Portugal, paradis des motards, regorge du premier type ; la vallée du Douro est riche du dernier.

Les vitesses légales sont de 50 km/h en milieu urbain. Dans les villages ou sur des tronçons jugés dangereux, un système de radar est couplé à un feu de circulation. Si votre vitesse est excessive, le feu clignotant passera au rouge, histoire de casser votre rythme. Un panneau présentant deux silhouettes courbées signale le passage de troupeaux du 4ème âge dans certains villages. Hors agglomération, la vitesse est identique à celle de l’Hexagone, soit 90 km/h. Sur autoroute, la signalisation indique 120 km/h mais les automobilistes pratiquent aisément le 140 km/h.
Les conducteurs portugais que nous avons croisés étaient respectueux du code de la route. Toutefois, ils ne semblent pas posséder une connaissance suffisante du motocyclisme. Il faut dire que les motards sont rares au Portugal. Les automobilistes ne nous voient pas toujours et n’anticipent pas suffisamment à notre approche.

Trouver du carburant n’est pas un souci. Il y a des stations dans les gros bourgs et aux principaux carrefours. Attention, les pompes sont encore rarement associées aux grandes surfaces. Les carburants sans plomb sont disponibles mais à des tarifs plus élevés qu’en France. Par exemple, le litre de SP 95 vaut 1,43 euros en moyenne alors qu’il s’affiche à 1,16 en Espagne. La plupart du temps, un pompiste vous servira. La plupart des stations possèdent un gonfleur, souvent associé à un jet d’eau. Il suffit de presser l’embout caoutchouté pour faire surgir le liquide. A noter que les garages spécialisés en moto sont rares. On les rencontre dans les principales villes.

Les indicateurs directionnels sont clairs et nombreux sauf dans les grandes agglomérations. Trouver le centre ville de Porto ou en sortir demande de la volonté ou un GPS à jour... Mais il existe une parade infaillible : les Portugais. Je vous invite à découvrir le sens de l’hospitalité de ce peuple en débranchant votre GPS. Vous constaterez comment les habitants s’efforcent de donner des explications précises quitte à mélanger portugais, espagnol, français et anglais si nécessaire.

Comment, dans ces conditions, ne pas succomber à la grande virole ? Il paraît que 500 kilomètres d’autoroute vous en guérissent en un clin d’oeil. Je préfère continuer ma convalescence en utilisant la médecine douce : une paire de virages jusqu’à Sintra suivie d’une séance de bain de mer à Praia Grande.

Guido du bourdon nippon.

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