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Des tripes pour Salers

jeudi 25 août 2011, par Guido

Arno, ce n’est pas qu’il fuit la vie de famille mais pour une aventure sur deux roues entre potes, il a été capable de renoncer à son confort en prenant les tours de ménage pendant trois semaines. J-M a fait encore mieux. S’étant juré de faire découvrir la campagne à sa BMW, il est parvenu à persuader sa femme de la nécessité de rendre visite à la famille avec les gosses tout en déplaçant la réunion d’équipe de sa boîte. Pas à dire, il y avait une volonté affirmée de tailler la route entre potes pendant 48 heures.

Comme J-M a eu le temps de développer une sérieuse allergie à l’autoroute, notre circuit au départ de Nîmes (Gard) n’a emprunté l’A75 qu’en dernier recours. La route de Florac a été un terrain d’observation idéal pour vérifier l’arrimage des bagages et l’art de la trajectoire de chacun. La validation du groupe acquise, nous avons mis le cap sur le Cantal. Comme entrée en matière, la cathédrale de Saint-Flour en impose avec ses tours juchées au sommet du roc. Elle a des allures de station-service : diesel à gauche, sans plomb à droite. Ca tombe à point nommé car la Suzuki réclame une rasade de jus persique après 200 km.

Plus on s’enfonce dans les terres cantaliennes et plus la route se rétrécit. Par acquis de conscience ou par jeu, les peintres de la DDE ont tout de même tracé les pointillés sur des filets d’asphalte. Cela apporte un peu de piquant lors des croisements. Surtout, ne jamais oublier que l’engin agricole a toujours raison. Avant l’ascension du Puy Mary, Arno a jugé bon de faire une offrande aux dieux mânes en guillotinant un chat imprudent d’un coup de jante chirurgical. Et dire qu’il y en a qui mettent un tigre dans leur moteur... Lamentable.

Les 1783 mètres du plus grand strato-volcan d’Europe valent le détour car ils offrent un bon résumé de ce que la Haute Auvergne réserve au motard épris de beau mais aussi de bon. Contempler les bas côtés lors de son ascension revient à lire le menu du repas du soir. A droite, un troupeau de vaches Salers pour la bavette et l’aligo. A gauche, un champ de gentianes jaunes pour la liqueur qui déliera les langues.

Pour l’étape, nous avons choisi Salers car la bourgade offre un joli cadre médiéval propice au repos des sens. J’arrête un instant la logorrhée de l’office de tourisme pour louer la densité exceptionnelle de bars dans ce bled rural. D’ailleurs, la pression avait de jolis yeux du côté de la tour de l’horloge. La truffade (plat à base de pommes de terre recouverte de tome fraîche fondue) arrosée au vin de pays a eu raison de notre appétit de bouffeurs d’asphalte.

Après une nuit de sommeil entrecoupé par les odes nasales de J-M, nous avons poursuivi la découverte du nord du 1-5 comme disent les sauvageons de Seine-Saint-Denis (93). Le GPS a eu toutes les peines du monde à remettre dans l’ordre l’eau ferrugineuse de Vic-sur-Cère, le café croissant d’Aurillac et la pause pipi de Pierrefort. Toutefois, le bidule spatial a retrouvé ses esprits pour nous indiquer la D 989 et bien lui en a pris. Cette succession de longues courbes qui relie Chaudes-Aigues à Saint-Chély-d’Apcher constitue une invitation à la révision des principes de la trajectoire balistique. Avec les kilomètres, on devient généreux en gaz. Pour peu, on se lancerait même dans le mécénat !

Mis à part le retour sur Alès sous l’ondée, cette escapade en terre auvergnate appartient à la catégorie des sorties qu’on devrait toujours faire. What a trip !

Guido du Bourdon nippon.

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