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Du 31 janvier au 6 février, la ruée vers l’or

samedi 9 février 2013, par Maxime BARAT

Juste après avoir mis à jour le site internet, j’ai quitté La Paz vers 14H30 direction Coroico en empruntant el Camino de la Muerte. J’ai préféré partir en début d’aprem pour éviter les dizaines de vélo des tours opérateurs qui empruntent chaque jour cette route mythique. Je mets une bonne heure pour sortir de La Paz et trouver le fameux chemin. En théorie j’en ai pour deux trois heures mais la route est rapidement bloquée. Je remonte la file de bus et de camions, un éboulement empêche le trafic, et ça va durer encore près d’une demi-heure avant qu’ils libèrent le passage.

Camions, bus, 4X4 sont tous déchainés.Ca devient alors très dangereux et stressant ce qui fait que je n’ai pas pris vraiment de plaisir sur cette route qui n’a pour moi pas grand chose d’exceptionnel mis à part les premiers km accrochés à la montagne. Sincèrement la Bolivie offre beaucoup mieux en terme de paysages. En revanche ce qui est mythique c’est mon sens de l’orientation. Après environ 4h de route j’arrive dans un petit village qui n’est pas Coroico. Je suis à Chulumani à environ 2h à l’opposé… Le lendemain, je fais ressouder et renforcer mon support valise qui a commence à subir les outrages du temps, puis prends la piste de Coroico qui serpente le long de la montagne. C’est vraiment joli, puis il y a beaucoup moins de circulation c’est top. En milieu d’aprem j’arrive enfin à Coroico. Le village est décoré, les gens se baladent en habit traditionnel, ce soir c’est la fête de la vierge.

 

Je décide de rester dormir. Demain j’irai à Caranavi à environ 70km d’ici. Le lendemain je vois une bmw et une versys garées à côté de ma moto. Je fais la rencontre de Ernesto et Walter qui font la route ensemble jusqu’à Ushaia.

On papote, raconte nos anecdotes, on fini par déjeuner ensemble. A 14h je descends la piste sinueuse de Coroico, il y a pas mal de poussière, je suis un vieux pick up Ford transportant 5 personnes dans sa benne qui met la pression au 4X4 juste devant. On roule à près de 60 sur cette piste étroite, c’est plutôt rapide pour ici, d’ailleurs j’allume la caméra embarquée, les images vont être chouettes. Les 4X4 accélèrent, commencent à couper les virages, je les suis et reste bien sur ma trajectoire. Le premier 4X4 rentre dans une courbe à gauche en aveugle. Bam ! C’est le frontal, le pick up Ford a juste le temps d’éviter le carambolage. Personne n’est blessé, juste de la tôle froissé. Je me prends une bonne montée d’adrénaline, je poursuis ma route. J’arrive sur une portion goudronnée de quelques kilomètres, un chien me coupe la route juste quand je suis sur l’angle, je l’évite de justesse. Au bout de quelques kilomètres la route est bloquée jusqu’à 18h minimum : chute de pierre.

Je suis à environ 50km de Caranavi, il me reste 3h de route, je n’ai fais que 20km et j’ai failli y rester deux fois. La décision est prise je rentre à Coroico où je retrouve mes potes motards, aujourd’hui j’ai la poisse, on verra demain.

Le lendemain la route est réouverte mais pas pour longtemps. Une nouvelle chute de pierre bloque le passage, c’est très courant en saison des pluies. L’ouvrier me dit de m’avancer, il va me faire passer. Je démarre, m’avance un peu. J’entends alors un bruit d’éboulement. Coup d’œil à droite, un énorme rocher qui s’est détaché vient sur moi. Réflexe je relâche l’embrayage et fais un départ façon motocross, la moto fait un bond en avant, je le vois passer dans mes rétros. L’ouvrier ébahi me crie « suerte », mon cœur bat la chamade. Je ne vais pas finir la semaine. Après 5h de route pour faire 70km je passe Caranavi et continue vers Guanay. Je dois absolument faire le plein. Le gars de la station service veut bien me vendre 10l d’essence dans mes bidons si je gare la moto à 50m. Officiellement, il n’a pas le droit de vendre d’essence à un étranger, seules les stations services nationales le peuvent mais c’est 9,5 bolivianos au lieu de 3,70. Soit 1,10 euros au lieu de 40 cents. Pas grave, je suis déjà bien content d’avoir 10l au tarif local. Puis j’attends à la sortie de la station qu’un bolivien s’arrête me parler. 10 minutes plus tard je file mes bidons et 40 bolivianos à un gars du coin qui va à son tour m’acheter de l’essence. C’est l’occasion de se marrer, et de jouer les bandits de grand chemin. Bref, chaque plein est une aventure avec son lot de rencontre.

La suite du trajet jusqu’à Guanay est en revanche difficile. Il pleut de nouveau, et cette terre tassée et mouillée glisse comme du verglas. D’ailleurs je tombe plusieurs fois dont une fois dans un fossé. Heureusement, le conducteur arrivé juste après au volant de sa toyota CARIB a bien voulu sauté en tong dans la boue pour m’aider à sortir la moto. Le soir à Guanay je rencontre Pedro et Julio qui m’invitent dans leur village et me proposent de dormir à l’abri de la station service qui ne sert plus depuis 10 ans. On passe la soirée ensemble. Ils sont chercheurs d’or et travaillent dans une mine à ciel ouvert et me proposent de passer une journée avec eux. Parfait. Le lendemain je m’entasse avec 10 autres mineurs dans le break. C’est parti pour la ruée vers l’or. Cette journée en leur compagnie a été géniale, ils ont tenu à tout m’expliquer et m’ont même filé un peu d’or.

L’eau stockée plus haut dans des réservoirs arrive sous pression à l’endroit où se trouve l’or. Ils érodent alors la paroi et creusent une tranchée où sont disposés des tamis permettant de récupérer le précieux métal.

 

Vers 17h, la piste a bien séché et je décide de rouler une heure ou deux afin de prendre un peu d’avance pour le lendemain. Après une heure à rouler entre 20 et 40km/h, je dépasse deux camions, passe quelques virages. Je perds l’avant et la moto ripe dans un fossé à droite. Mais cette fois ci la roue avant a tapé dans un gros rocher. J’attends les deux camionneurs pour sortir la moto. J’ai cassé le garde boue avant qui ne tient plus que d’un côté. La valve de ma roue avant ne s’était pas complètement fermée occasionnant une crevaison lente et la chute. Je continue jusqu’au village suivant. Sorata n’est qu’à 150km soit une journée et demie de route. La piste reprend de l’altitude m’offrant un panorama magnifique.

Des pistes improbables débouchent sur des petits villages de chercheurs d’or, c’est plutôt énorme comme ambiance. Peu de touristes s’égarent ici, il n’y a pas transport, il faut se débrouiller par soi même et ça me plait. Après Mapiri, il n’y a pas de pont, je dois traverser un gros gué. Vu le courant je ne suis pas confiant, je fais des signes au routier de l’autre côté pour savoir où passer et m’élance. J’ai rapidement de l’eau jusqu’aux valises, le courant fait riper la moto mais je tiens bon. Je garde un filet de gaz car si je cale et que l’eau rentre dans le pot je suis mal. Je reprends difficilement la progression, la moto avance en crabe, mais je dois surtout garder le cap ou le courant sera plus fort et pourrait me faire perdre l’équilibre. J’arrive finalement de l’autre côté mais je n’en mène pas large.

www.maxime-barat.com
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Plus qu’une heure de route, environ 20km. Dernière étape avant Sorata, coupure générale d’électricité, et dîner aux chandelles dans un petit village dont j’ai oublié le nom.

 

 

 

Sorata est à 4H de route, près de 60 km, alors je pars cool, j’ai la journée. Depuis hier je roule sans garde boue avant, les vibrations en sont venues à bout. Je suis bien embêté car plus rien ne tient les durites de frein que j’ai attaché avec des risselans et le radiateur n’est plus du tout protégé de la boue, m’obligeant à m’arrêter régulièrement pour le nettoyer. Cette fois la piste monte franchement sur l’altiplano, c’est magnifique, je roule tranquille, entre 30 et 40, je profite du paysage, c’est la dernière journée de route. Mais à 2h de l’arrivée je suis violemment projeté à terre. La durite de frein s’est prise dans la roue avant, bloquant cette dernière d’un coup. Bilan : sans la botte d’enduro j’aurai sûrement eu le pied cassé écrasé par la valise droite. En revanche j’ai le coude bien enflé et un peu mal aux côtes. Côté moto, la durite est à moitié arrachée et le liquide s’échappe, je n’ai plus de frein avant. J’ai eu du bol de tomber sur la piste, le ravin n’est jamais loin. J’arrive finalement à Sorata vers 17h, après 7h de piste ultra glissante en roulant au pas. Ici, la ville est un peu plus grande, je devrai trouver un mécano pour m’aider. En attendant je vais me coucher c’est plus sûr.


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